Page:Sue - Les mystères de Paris, 7è série, 1843.djvu/346

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et durent environ un an, dix-huit mois au plus… Après ça, le métier n’est pas si mal payé qu’un autre, et il y a des gens nés coiffés qui y résistent deux ou trois ans… Mais ceux-là sont les anciens, les centenaires des blanc-de-cérusiens. On en meurt, c’est vrai… mais il n’est pas fatigant.

— Et pourquoi as-tu choisi un état si dangereux qu’on en meurt, mon pauvre Fortuné ?

— Qu’est-ce que tu voulais que je fasse ? Quand je suis entré à Melun pour cette affaire de fausse monnaie, j’étais joueur de gobelets. Comme à la prison il n’y avait pas d’atelier pour mon état, et que je ne suis pas plus fort qu’une puce, on m’a mis à la fabrication des jouets d’enfants. C’était un fabricant de Paris qui trouvait plus avantageux de faire confectionner par les détenus ses pantins, ses trompettes de bois et ses sabres idem… Aussi c’est le cas de dire : Sabre de bois ! en ai-je affilé, percé et taillé pendant quinze ans, de ces jouets ! je suis sûr que j’en ai défrayé les moutards de tout un quartier de Pa-