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enfermée !… — s’écria le notaire avec fureur.

— Eh bien ! surmonte le dédain de cette femme ; fais tomber le poignard de sa main ; contrains-la à ouvrir cette porte qui te sépare d’elle… et cela non par la force brutale… elle serait impuissante.

— Et comment alors ?

— Par la force de ta passion…

— La passion… et puis-je en inspirer, mon Dieu ?

— Tiens, tu n’es qu’un notaire doublé de sacristain… tu me fais pitié… Est-ce à moi à t’apprendre ton rôle ?… Tu es laid… sois terrible : on oubliera ta laideur. Tu es vieux… sois énergique : on oubliera ton âge. Tu es repoussant… sois menaçant. Puisque tu ne peux être le noble cheval qui hennit fièrement au milieu de ses cavales amoureuses… ne sois pas du moins le stupide chameau qui plie les genoux et tend le dos… sois tigre… un vieux tigre qui rugit au milieu du carnage a encore sa beauté… sa tigresse lui répond du fond du désert…

À ce langage qui n’était pas sans une sorte d’éloquence naturelle et hardie, Jacques Ferrand tressaillit, frappé de l’expression sauvage,