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— Combien de fois faut-il te dire qu’ils y sont en apprentissage ici ?…

La veuve du supplicié articula ces derniers mots d’une manière si inexorable, que Martial perdit tout espoir d’amollir cette âme de bronze.

— Puisque c’est ainsi — reprit-il d’un ton bref et résolu — écoutez-moi bien à votre tour, ma mère… Je reste.

— Ah ! ah !

— Pas dans cette maison… je serais assassiné par Nicolas ou empoisonné par Calebasse ; mais, comme je n’ai pas de quoi me loger ailleurs, moi et les enfants, nous habiterons la baraque au bout de l’île ; la porte est solide, je la renforcerai encore… Une fois là, bien barricadé, avec mon fusil, mon bâton et mon chien, je ne crains personne. Demain matin j’emmènerai les enfants ; le jour, ils viendront avec moi, soit dans mon bateau, soit dehors ; la nuit, ils coucheront près de moi dans la cabane ; nous vivrons de ma pêche ; ça durera jusqu’à ce que j’aie trouvé à les placer, et je trouverai…

— Ah ! c’est ainsi ?