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rouge, et finir comme père et mère, frère et sœur…

Si habitué qu’il fût aux exaltations féroces de sa mère, Martial ne put s’empêcher de frissonner.

La physionomie de la veuve du supplicié, en prononçant ces derniers mots, était épouvantable.

Elle reprit avec une fureur croissante :

— Oh ! lâche, encore plus crétin que lâche ! Tu veux être honnête !!! Honnête ? est-ce que tu ne seras pas toujours méprisé, rebuté, comme fils d’assassin, frère de galérien ; mais toi, au lieu de te mettre la vengeance et la rage au ventre, ça t’y met la peur ! au lieu de mordre, tu te sauves ; quand ils ont eu guillotiné ton père… tu nous as quittés… lâche ! Et tu savais que nous ne pouvions pas sortir de l’île pour aller au bourg sans qu’on hurle après nous, en nous poursuivant à coups de pierre comme des chiens enragés… Oh ! on nous paiera ça, vois-tu ! on nous paiera ça !!!

— Un homme, dix hommes ne me font pas peur ! mais être hué par tout le monde