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sournoisement agressif envers Martial ; mais jamais il n’avait osé le provoquer avec tant d’audace et de persistance.

L’amant de la Louve, pensant qu’on voulait le pousser à bout, dans quelque but caché, redoubla de modération.

Au cri de son chien battu par Nicolas, Martial se leva, ouvrit la porte de la cuisine, mit le basset dehors, et revint continuer son souper.

Cette incroyable patience, si peu en harmonie avec le caractère ordinairement emporté de Martial, confondit ses agresseurs… ils se regardèrent, profondément surpris.

Lui, paraissant complétement étranger à ce qui se passait, mangeait glorieusement et gardait un profond silence.

— Calebasse, ôte le vin — dit la veuve à sa fille.

Celle-ci se hâtait d’obéir, lorsque Martial dit :

— Attends… je n’ai pas fini de souper.

— Tant pis ! dit la veuve en enlevant elle-même la bouteille.