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tard, vous la verrez venir, vers les quatre heures du soir sur la rive en face de votre île, avec une jeune fille blonde ; la vieille vous fera un signal en agitant un mouchoir.

» — Oui, bourgeois.

» — Combien faut-il de temps pour aller de la rive à votre île ?

» — Vingt bonnes minutes.

» — Vos bateaux sont à fond plat ?

» — Plat comme la main, bourgeois.

» — Vous pratiquerez adroitement une sorte de large soupape dans le fond de l’un de ces bateaux, afin de pouvoir, en ouvrant cette soupape, le faire couler à volonté en un clin d’œil… Comprenez-vous ?

» — Très-bien, bourgeois ; vous êtes malin ! J’ai justement un vieux bateau à moitié pourri ; je voulais le déchirer… il sera bon pour ce dernier voyage.

» — Vous partez donc de votre île avec ce bateau à soupape ; un bon bateau vous suit, conduit par quelqu’un de votre famille. Vous abordez, vous prenez la vieille femme et la jeune fille blonde à bord du bateau troué, et vous regagnez votre île ; mais, à une distance