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— Eh bien ! le voilà, ton châle, je m’en moque pas mal ! dit aigrement Calebasse en le rejetant dans la caisse.

— C’est pas à cause du châle… que je parle ; je ne suis pas assez chiche pour lésiner sur un châle : un de plus ou de moins, la mère Burette ne changera pas son prix ; elle achète en bloc — reprit Nicolas. — Mais, au lieu de dire que tu prends ce châle, tu peux me demander que je te le donne… Allons, voyons, garde-le… Garde-le… je te dis… ou sinon je l’envoie au feu pour faire bouillir la marmite !

Ces paroles calmèrent la mauvaise humeur de Calebasse ; elle prit le châle sans rancune.

Nicolas était sans doute en veine de générosité ; car, déchirant avec ses dents le chef d’une des pièces de soierie, il en détacha deux foulards et les jeta à Amandine et à François, qui n’avaient pas cessé de contempler cette étoffe avec envie.

— Voilà pour vous, gamins ! cette bouchée-là vous mettra en goût de grinchir… L’appétit vient en mangeant… Maintenant allez vous coucher… j’ai à jaser avec la mère ; on vous portera à souper là-haut.