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pauvre pratique bien triste… aussi tu vois mon cabas (et Rigolette le montra), il est partagé en deux, chacun a son côté : aujourd’hui j’apporte à Louise un peu de linge, et tantôt j’ai aussi porté quelque chose à ce pauvre Germain… mon prisonnier s’appelle Germain ; tiens, je ne peux pas penser à ce qui vient de m’arriver avec lui sans avoir envie de pleurer… c’est bête, je sais que cela n’en vaut pas la peine, mais enfin je suis comme ça.

— Et pourquoi as-tu envie de pleurer ?

— Figure-toi que Germain est si malheureux d’être confondu avec ces mauvais hommes de la prison qu’il est tout accablé, n’ayant de goût à rien, ne mangeant pas et maigrissant à vue d’œil… je m’aperçois de ça, et je me dis : Il n’a pas faim, je vais lui faire une petite friandise qu’il aimait bien quand il était mon voisin, ça le ragoûtera… Quand je dis friandise, entendons-nous, c’étaient tout bonnement de belles pommes de terre jaunes, écrasées avec un peu de lait et du sucre, j’en emplis une jolie tasse bien propre, et tantôt je lui porte ça à sa prison en lui disant que j’avais préparé moi-même ce pauvre petit régal,