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— Eh bien, ma pauvre Goualeuse, elles ont été trompées toutes les deux, puis abandonnées, et enfin de malheurs en malheurs elles en sont tombées à être de ces vilaines femmes que l’on renferme ici…

— Ah ! mon Dieu !… — s’écria Fleur-de-Marie qui baissa la tête et devint pourpre.

Rigolette, se trompant sur le sens de l’exclamation de son amie, reprit :

— Elles sont coupables, méprisables… même, si tu veux, je ne dis pas ; mais, vois-tu, ma bonne Goualeuse, parce que nous avons eu le bonheur de rester honnêtes : toi, parce que tu as été vivre à la campagne auprès de braves paysans ; moi, parce que je n’avais pas de temps à perdre avec les amoureux… que je leur préférais mes oiseaux, et que je mettais tout mon plaisir à avoir, grâce à mon travail, un petit ménage bien gentil… il ne faut pas être trop sévère pour les autres ; mon Dieu ; qui sait… si l’occasion, la tromperie, la misère n’ont pas été pour beaucoup dans la mauvaise conduite de Rosine et de Julie… et si à leur place nous n’aurions pas fait comme elles…