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pas le pied sous un pont… je me ferai chiffonnière, balayeuse des rues, mais honnête ; on doit ça, sinon à soi, du moins à son enfant, quand on a l’honneur d’en avoir un… — dit-elle avec une sorte de fierté.

— Et qui gardera votre enfant pendant que vous travaillerez ? — reprit la Goualeuse — ne vaudrait-il pas mieux, si cela est possible comme je l’espère, le placer à la campagne chez de braves gens qui en feraient une brave fille de ferme ou un bon cultivateur ? Vous viendriez de temps en temps le voir, et un jour vous trouveriez peut-être moyen de vous en rapprocher tout à fait ; à la campagne on vit de si peu.

— Mais m’en séparer, m’en séparer ! je mettais toute ma joie en lui, moi qui n’ai rien qui m’aime.

— Il faut songer plus à lui qu’à vous, ma pauvre Mont-Saint-Jean ; dans deux ou trois jours j’écrirai à madame Armand, et si la demande que je compte faire en faveur de votre enfant réussit, vous n’aurez plus à dire de lui ce qui tout à l’heure m’a tant navrée : — Hélas ! mon Dieu, que deviendra-t-il ?