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de vous regarder dans cette idée-là… sans que vous me le permettiez… Mon enfant sera aussi laid que moi… qu’est-ce que ça me fait… je ne l’en aimerai pas moins ; pauvre petit malheureux, il n’a pas demandé à naître, comme on dit… Et s’il vit… qu’est-ce qu’il deviendra — dit-elle d’un air sombre et abattu. — Hélas… oui… qu’est-ce qu’il deviendra, mon Dieu ?

La Goualeuse tressaillit à ces paroles.

En effet, que pouvait devenir l’enfant de cette misérable, avilie, dégradée, pauvre et méprisée… quel sort !… quel avenir !…

— Ne pensez pas à cela, Mont-Saint-Jean — reprit Fleur-de-Marie ; — espérez que votre enfant trouvera des personnes charitables sur son chemin.

— Oh ! on n’a pas deux fois la chance, voyez-vous, la Goualeuse — dit amèrement Mont-Saint-Jean en secouant la tête ; — je vous ai rencontrée… vous… c’est déjà un grand hasard… Et, tenez, soit dit sans vous offenser, j’aurais mieux aimé que mon enfant ait eu ce bonheur-là que moi. Ce vœu-là… c’est tout ce que je peux lui donner.

— Priez, priez… Dieu vous exaucera.