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Il n’en était rien : la duchesse ressentait alors pour son cousin une affection toute maternelle, l’ayant presque vu naître. Mais le jeune duc était si joli, il semblait si heureux du gracieux accueil de sa cousine, que la jalousie, ou plutôt l’orgueil de Florestan, s’exaspéra ; son cœur se tordit sous les cruelles morsures de l’envie que lui inspirait Conrad de Montbrison, qui, riche et charmant, entrait si splendidement dans cette vie de plaisirs, d’enivrement et de fête, d’où il sortait, lui, ruiné, flétri, méprisé, déshonoré.

M. de Saint-Remy était brave de cette bravoure de tête, si cela se peut dire, qui fait par colère ou par vanité affronter un duel ; mais, vil et corrompu, il n’avait pas ce courage de cœur qui triomphe des mauvais penchants, ou qui, du moins, vous donne l’énergie d’échapper à l’infamie par une mort volontaire.

Furieux de l’infernal mépris de la duchesse, croyant voir un successeur dans le jeune duc, M. de Saint-Remy résolut de lutter d’insolence avec madame de Lucenay, et, s’il le fallait, de chercher querelle à Conrad.