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Elle croyait que le comte n’avait pas caché à son fils qu’elle aussi avait tout entendu…

Nous l’avons dit : en apprenant combien Florestan était infâme, l’amour de madame de Lucenay, subitement éteint, s’était changé en un dédain glacial.

Nous l’avons dit encore : au milieu de ses légèretés, de ses erreurs, madame de Lucenay avait conservé purs et intacts des sentiments de droiture, d’honneur, de loyauté chevaleresque d’une vigueur et d’une exigence toutes viriles ; elle avait les qualités de ses défauts, les vertus de ses vices : traitant l’amour aussi cavalièrement qu’un homme le traite, elle poussait aussi loin, plus loin qu’un homme, le dévouement, la générosité, le courage, et surtout l’horreur de toute bassesse.

Madame de Lucenay, devant aller le soir dans le monde, était, quoique sans diamants, habillée avec son goût et sa magnificence habituelle ; cette toilette splendide, le rouge vif qu’elle portait franchement, hardiment, en femme de cour, jusque sous les paupières, sa beauté surtout éclatante aux lumières, sa taille de déesse marchant sur les nues, rendaient plus