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sans témoins à la mort qu’ils affrontent par point d’honneur dans un duel.

Il s’écria donc avec l’accent de la vérité :

— Je suis tombé bien bas… mais du moins pas jusque-là, mon père ! C’était pour moi que je réservais ce poison !

— Et vous avez eu peur ? — fit le comte sans changer de position.

— Je l’avoue, j’ai reculé devant cette extrémité terrible ; rien n’était encore désespéré ; les personnes auxquelles je devais étaient riches et pouvaient attendre… À mon âge, avec mes relations, j’espérai un moment, sinon refaire ma fortune, du moins m’assurer une position honorable, indépendante, qui m’en eût tenu lieu… Plusieurs de mes amis, peut-être moins bien doués que moi, avaient fait un chemin rapide dans la diplomatie. J’eus une velléité d’ambition… Je n’eus qu’à vouloir, et je fus attaché à la légation de Gerolstein… Malheureusement, quelques jours après cette nomination, une dette de jeu contractée envers un homme que je haïssais me mit dans un cruel embarras… J’avais épuisé