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L’enfant ne put la recevoir à temps et la laissa tomber. Sa grande sœur lui donna de sa main dure comme du bois un coup rigoureux sur le bras en s’écriant :

— Petite bête !!!

Amandine regagna sa place et se mit activement à l’œuvre, après avoir échangé avec son frère un regard où roulait une larme.

Le même silence continua de régner dans la cuisine.

Au dehors le vent gémissait toujours et agitait l’enseigne du cabaret.

Ce triste grincement et le sourd bouillonnement d’une marmite placée devant le feu étaient les seuls bruits qu’on entendît.

Les deux enfants observaient avec une secrète frayeur que leur mère ne parlait pas.

Quoiqu’elle fût habituellement silencieuse, ce mutisme complet et certain pincement de ses lèvres leur annonçaient que la veuve était dans ce qu’ils appelaient ses colères blanches, c’est-à-dire en proie à une irritation concentrée.

Le feu menaçait de s’éteindre, faute de bois.

— François, une bûche ! — dit Calebasse.

Le jeune raccommodeur de filets défendus