Page:Sue - Les mystères de Paris, 6è série, 1843.djvu/235

Cette page a été validée par deux contributeurs.

riant l’homme aux rubans verts… vous lui disiez toujours : — Vous gâtez Clotilde… prenez garde ; — et il vous répondait en m’embrassant : — Je le crois bien que je la gâte, et il faut que je me dépêche et que je redouble, car bientôt le monde me l’enlèvera pour la gâter à son tour. — Excellent père ! quel ami j’ai perdu !… — Une larme brilla dans les beaux yeux de madame de Lucenay ; puis, tendant la main à M. de Saint-Remy, elle lui dit d’une voix émue : — Vrai, je suis heureuse, bien heureuse de vous revoir ; vous éveillez des souvenirs si précieux, si chers à mon cœur !…

Le comte, quoiqu’il connût dès long-temps ce caractère original et délibéré, restait confondu de l’aisance avec laquelle Clotilde acceptait cette position si délicate : rencontrer chez son amant le père de son amant !

— Si vous êtes à Paris depuis long-temps — reprit madame de Lucenay — il est mal à vous de n’être pas venu me voir plus tôt ; nous aurions tant causé du passé… car savez-vous que je commence à atteindre l’âge où il y a un charme extrême à dire à de vieux amis : — Vous souvenez-vous ?