Page:Sue - Les mystères de Paris, 6è série, 1843.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Eh bien ! maman, avais-je raison !… Mon Dieu, comme le cœur me bat !…

— Notre bon ou mauvais sort est là pourtant… — dit madame de Fermont d’une voix altérée, en montrant la lettre.

Deux fois sa main tremblante s’approcha du cachet pour le rompre.

Elle n’en eut pas le courage.

Peut-on espérer de peindre la terrible angoisse à laquelle sont en proie ceux qui, comme madame de Fermont, attendent d’une lettre l’espoir ou le désespoir ?

La brûlante et fiévreuse émotion du joueur dont les dernières pièces d’or sont aventurées sur une carte, et qui, haletant, l’œil enflammé, attend d’un coup décisif sa ruine ou son salut, cette émotion si violente donnerait pourtant à peine une idée de la terrible angoisse dont nous parlons.

En une seconde l’âme s’élève jusqu’à la plus radieuse espérance, ou retombe dans un découragement mortel. Selon qu’il croit être se-

    passe-port pour retirer sa lettre au bureau, elle avait indiqué une de ces adresses d’initiales qu’il suffit de désigner pour qu’on vous remette la lettre qui porte cette suscription.