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— Dieu t’entende, mon enfant !

— Cela me paraît tout simple, maman… S’il ne pouvait rien pour nous, il t’en aurait instruite tout de suite.

— À moins qu’il ne veuille rien faire…

— Ah ! maman… est-ce possible ? dédaigner de nous répondre et nous laisser espérer quatre jours, huit jours, peut-être… car lorsqu’on est malheureux on espère toujours…

— Hélas ! mon enfant, il y a quelquefois tant d’indifférence pour les maux que l’on ne connaît pas !

— Mais votre lettre…

— Ma lettre ne peut lui donner une idée de nos inquiétudes, de nos souffrances de chaque minute ; ma lettre lui peindra-t-elle notre vie si malheureuse, nos humiliations de toutes sortes, notre existence dans cette affreuse maison, la frayeur que nous avons eue tout à l’heure encore ?… ma lettre lui peindra-t-elle enfin l’horrible avenir qui nous attend, si… Mais, tiens… mon enfant, ne parlons pas de cela… Mon Dieu… tu trembles… tu as froid…

— Non, maman… ne fais pas attention ; mais, dis-moi, supposons que tout nous man-