Page:Sue - Les mystères de Paris, 6è série, 1843.djvu/170

Cette page a été validée par deux contributeurs.

un art que l’expérience vous donne ; j’apprendrai… C’est un métier comme un autre — ajouta-t-elle avec une sorte d’exaltation délirante. — Il me semble pourtant que j’ai tout ce qu’il faut pour intéresser… des malheurs horribles, immérités, et une fille de seize ans… un ange… oui ; mais il faut savoir, il faut oser faire valoir ces avantages, j’y parviendrai.

» Après tout, de quoi me plaindrais-je ? — s’écria-t-elle avec un éclat de rire sinistre. — La fortune est précaire, périssable… Le notaire m’aura au moins appris un état. »

Madame de Fermont resta un moment absorbée dans ses pensées ; puis elle reprit avec plus de calme :

« J’ai souvent pensé à demander un emploi ; ce que j’envie, c’est le sort de la domestique de cette femme qui loge au premier ; si j’avais cette place, peut-être, avec mes gages, pourrais-je suffire aux besoins de Claire… peut-être, par la protection de cette femme, pourrai-je trouver quelque ouvrage pour ma fille… qui resterait ici… Comme cela je ne la quitterais pas. Quel bonheur… si cela pouvait s’ar-