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alors dans quel abîme ne peut-elle pas tomber ?…

» Oh ! c’est affreux… à mesure que je creuse ce mot : misère, j’y trouve d’épouvantables choses.

» La misère… la misère atroce pour tous, mais peut-être plus atroce encore pour ceux qui ont toute leur vie vécu dans l’aisance… Ce que je ne me pardonne pas, c’est, en présence de tant de maux menaçants, de ne pouvoir vaincre un malheureux sentiment de fierté. Il me faudrait voir ma fille manquer absolument de pain pour me résigner à mendier… Comme je suis lâche… pourtant… »

Et elle ajouta avec une sombre amertume :

« Ce notaire m’a réduite à l’aumône, il faut pourtant que je me rompe aux nécessités de ma position ; il ne s’agit plus de scrupules, de délicatesse, cela était bon autrefois ; maintenant il faut que je tende la main pour ma fille et pour moi ; oui, si je ne trouve pas de travail… il faudra bien me résoudre à implorer la charité des autres, puisque le notaire l’aura voulu…

» Il y a sans doute là-dedans une adresse,