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« Seigneur, mon Dieu, pourquoi nous accabler ainsi ? quel mal avons-nous jamais fait ? Ma fille n’était-elle pas un modèle de candeur et de piété, son père l’honneur même ? N’ai-je pas toujours vaillamment rempli mes devoirs d’épouse et de mère ? Pourquoi permettre qu’un misérable fasse de nous ses victimes ?… cette pauvre enfant surtout !…

» Quand je pense que sans le vol de ce notaire je n’aurais aucune crainte sur le sort de ma fille… Nous serions à cette heure dans notre maison, sans inquiétude pour l’avenir, seulement tristes et malheureuses de la mort de mon pauvre frère ; dans deux ou trois ans, j’aurais songé à marier Claire, et j’aurais trouvé un homme digne d’elle, si bonne, si charmante, si belle !… Qui n’eût pas été heureux d’obtenir sa main ?… Je voulais d’ailleurs, me réservant une petite pension pour vivre auprès d’elle, lui abandonner en mariage tout ce que je possédais, cent mille écus au moins… car j’aurais pu encore faire quelques économies ; et quand une jeune personne aussi jolie, aussi bien élevée que mon enfant chérie, apporte en dot plus de cent mille écus… »