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ma fille allât travailler seule le soir chez lui !… Peut-être trouverons-nous de l’ouvrage ailleurs, en couture ou en broderie… Mais, quand on ne connaît personne, c’est si difficile !… Dernièrement encore, j’ai tenté en vain… Lorsqu’on est si misérablement logé, on n’inspire aucune confiance, et pourtant, la petite somme qui nous reste une fois épuisée, que faire ?… que devenir ?… Il ne nous restera plus rien… mais plus rien… sur la terre… mais pas une obole… et j’étais riche, pourtant !…

» Ne songeons pas à cela… ces pensées me donnent le vertige… me rendent folle… Voilà ma faute, c’est de trop m’appesantir sur ces idées, au lieu de tâcher de m’en distraire… C’est cela qui m’aura rendue malade… non, non, je ne suis pas malade… je crois même que j’ai moins de fièvre — ajouta la malheureuse mère en se tâtant le pouls elle-même. »

Mais, hélas ! les pulsations précipitées, saccadées, irrégulières qu’elle sentit battre sous sa peau à la fois sèche et froide ne lui laissèrent pas d’illusion.

Après un moment de morne et sombre désespoir, elle dit avec amertume :