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après un moment de silence — c’est que quelquefois, aigrie, irritée par ce sort atroce, j’ose accuser mon frère… donner raison au notaire contre lui… comme si, en ayant deux noms à maudire, ma peine serait soulagée… et puis je m’indigne de mes suppositions injustes, odieuses… contre le meilleur, le plus loyal des frères…

» Oh ! ce notaire, il ne sait pas toutes les effroyables conséquences de son vol… Il a cru ne voler que de l’argent, ce sont deux âmes qu’il torture… deux femmes qu’il fait mourir à petit feu…

» Hélas ! oui, je n’ose jamais dire à ma pauvre enfant toutes mes craintes pour ne pas la désoler… mais je souffre… j’ai la fièvre… je ne me soutiens qu’à force d’énergie ; je sens en moi les germes d’une maladie… dangereuse peut-être… oui, je la sens venir… elle s’approche… ma poitrine brûle, ma tête se fend… Ces symptômes sont plus graves que je ne veux me l’avouer à moi-même… Mon Dieu… si j’allais tomber… tout à fait malade… si j’allais mourir…

» Non ! non ! — s’écria madame de Fer-