Page:Sue - Les mystères de Paris, 6è série, 1843.djvu/160

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ses lèvres entr’ouvertes laissent entrevoir le blanc émail de ses dents ; le rude contact des draps grossiers et de la couverture de laine avait rougi, marbré en plusieurs endroits la carnation délicate du cou, des épaules et des bras de la jeune fille.

De temps à autre, un léger tressaillement rapprochait ses sourcils minces et veloutés, comme si elle eût été poursuivie par un rêve pénible. L’aspect de ce visage, déjà empreint d’une expression morbide, est pénible ; on y découvre les sinistres symptômes d’une maladie qui couve et menace.

Depuis long-temps madame de Fermont n’avait plus de larmes ; elle attachait sur sa fille un œil sec et enflammé par l’ardeur d’une fièvre lente qui la minait sourdement. De jour en jour, madame de Fermont se trouvait plus faible ; ainsi que sa fille, elle ressentait ce malaise, cet accablement, précurseurs certains d’un mal grave et latent ; mais, craignant d’effrayer Claire et ne voulant pas surtout, si cela peut se dire, s’effrayer soi-même, elle luttait de toutes ses forces contre les premières atteintes de la maladie.