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— Non, c’est que c’est vrai aussi — reprit François en repoussant Amandine avec douceur — pourquoi ma mère et Calebasse sont-elles toujours si acharnées sur nous ?

— Je ne sais pas — reprit Amandine en essuyant ses yeux du revers de sa main ; — c’est peut-être parce qu’on a mis notre frère Ambroise aux galères et qu’on a guillotiné notre père, qu’elles sont injustes pour nous…

— Est-ce que c’est notre faute ?

— Mon Dieu, non ; mais, que veux-tu ?

— Ma foi, si je devais recevoir ainsi toujours, toujours des coups, à la fin j’aimerais mieux voler comme ils veulent, moi… À quoi ça m’avance-t-il de ne pas voler ?…

— Et Martial, qu’est-ce qu’il dirait ?

— Oh ! sans lui… il y a long-temps que j’aurais dit oui, car ça lasse aussi d’être battu ; tiens, ce soir, jamais ma mère n’avait été aussi méchante… c’était comme une furie… il faisait noir, noir… elle ne disait pas un mot… je ne sentais que sa main froide qui me tenait par le cou pendant que de l’autre elle me battait… et puis il me semblait voir ses yeux reluire…

— Pauvre François… pour avoir dit que