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belle rosette !… Tu m’en feras une pareille à ma cravate, n’est-ce pas ?

— Oui, tout à l’heure… mais laisse-moi me promener un peu. Tu iras devant moi… à reculons, en tenant toujours le miroir haut… pour que je puisse me voir en marchant…

François exécuta de son mieux cette manœuvre difficile, à la grande satisfaction d’Amandine, qui se prélassait, triomphante et glorieuse, sous les cornes et l’énorme bouffette de son foulard.

Très-innocente et très-naïve dans toute autre circonstance, cette coquetterie devenait coupable en s’exerçant à propos du produit d’un vol que François et Amandine n’ignoraient pas. Autre preuve de l’effrayante facilité avec laquelle des enfants, même bien doués, se corrompent presque à leur insu, lorsqu’ils sont continuellement plongés dans une atmosphère criminelle.

Et d’ailleurs le seul mentor de ces petits malheureux, leur frère Martial, n’était pas lui-même irréprochable, nous l’avons dit ; incapable de commettre un vol ou un meurtre, il n’en menait pas moins une vie vagabonde