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pôt qui, selon toute apparence, lui avait été remis par le frère de cette veuve.

— Et cette somme ?…

— Était toutes leurs ressources !…

— Oh ! voilà de ces crimes…

— De ces crimes — s’écria Rodolphe — de ces crimes que rien n’excuse… ni le besoin… ni la passion… Souvent la faim pousse au vol, la vengeance au meurtre… Mais ce notaire déjà riche, mais cet homme revêtu par la société d’un caractère presque sacerdotal, d’un caractère qui impose, qui force la confiance… cet homme est poussé au crime, lui, par une cupidité froide et implacable… L’assassin ne vous tue qu’une fois… et vite… avec son couteau… lui vous tue lentement, par toutes les tortures du désespoir et de la misère où il vous plonge… Pour un homme comme ce Ferrand, le patrimoine de l’orphelin, les deniers du pauvre si laborieusement amassés… rien n’est sacré !… Vous lui confiez de l’or, cet or le tente… il le vole… De riche et d’heureux, la volonté de cet homme vous fait mendiant et désolé !… À force de privations et de travaux, vous avez assuré le pain et l’abri de votre vieillesse… la volonté