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si glaciale envers moi… jamais un mot de bonté… jamais une de ces paroles… qui tout à l’heure m’ont fait pleurer… qui maintenant me rendent ivre de bonheur… Et ce bonheur… je le mérite… je vous ai toujours tant aimée ! et j’ai tant souffert… sans vous le dire ! Ce chagrin qui me dévorait… c’était cela !… Oui, mon horreur du monde… mon caractère sombre, taciturne, c’était cela… Figurez-vous donc aussi… avoir dans sa maison une femme adorable et adorée, qui est la vôtre ; une femme que l’on désire avec tous les emportements d’un amour contraint… et être à jamais condamné par elle à de solitaires et brûlantes insomnies… Oh ! non, vous ne savez pas mes larmes de désespoir ! mes fureurs insensées ! Je vous assure que cela vous eût touchée… Mais, que dis-je ? cela vous a touchée… vous avez deviné mes tortures, n’est-ce pas ?… vous en aurez pitié… La vue de votre ineffable beauté, de vos grâces enchanteresses, ne sera plus mon bonheur et mon supplice de chaque jour… Oui, ce trésor que je regarde comme mon bien le plus précieux… ce trésor qui m’appartient et que je ne pos-