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l’homme et la femme d’être contents de tout et toujours gais (À ce souvenir la physionomie de Rigolette redevint sereine). Il n’y avait pas dans le quartier un ménage pareil ; toujours en train, toujours chantant ; avec ça bons comme il n’est pas possible : ce qui était à eux était aux autres. Maman Crétu était une grosse réjouie de trente ans, propre comme un sou, vive comme une anguille, joyeuse comme un pinson. Son mari était un autre Roger-Bontemps ; il avait un grand nez, une grande bouche, toujours un bonnet de papier sur la tête, et une figure si drôle, mais si drôle, qu’on ne pouvait le regarder sans rire ! Une fois revenu à la maison, après l’ouvrage, il ne faisait que chanter, grimacer, gambader comme un enfant ; il me faisait danser, sauter sur ses genoux ; il jouait avec moi comme s’il avait été de mon âge ; et sa femme me gâtait que c’était une bénédiction ! Tous deux ne me demandaient qu’une chose, d’être de bonne humeur ; et ce n’était pas ça, Dieu merci ! qui me manquait. Aussi ils m’ont baptisée Rigolette, et le nom m’en est resté. Quant à la gaieté, ils me donnaient l’exemple ; jamais je ne les ai vus