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chise et de naïveté, que les plus rigoristes disaient en souriant : Sans doute elle est bien légère, bien coupable ; mais elle est si bonne, si charmante ! elle aime ses amants avec tant de dévouement, de passion… de fidélité… tant qu’elle les aime… qu’on ne saurait trop lui en vouloir. Après tout, elle ne damne qu’elle-même, et elle fait tant d’heureux !

Sauf la poudre et les grands paniers, telle était aussi madame de Lucenay lorsque de sombres préoccupations ne l’accablaient pas.

Elle était entrée chez le notaire en timide bourgeoise… elle se montra tout à coup grande dame altière, irritée. Jamais Jacques Ferrand n’avait de sa vie rencontré une femme d’une beauté si insolente, d’une tournure à la fois si noble et si hardie.

Le visage un peu fatigué de la duchesse, ses beaux yeux entourés d’une imperceptible auréole d’azur, ses narines roses fortement dilatées annonçaient une de ces natures ardentes que les hommes peu platoniques adorent avec autant d’ivresse que d’emportement. Quoique vieux, laid, ignoble, sordide, Jacques Ferrand était autant qu’un autre capable d’apprécier