Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/37

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Eh ! hu donc, les moutards !… Quel chien de métier, si on avait toujours affaire à des mendiants pareils !…

Un épisode horrible rendit cette scène plus affreuse encore.

L’aînée des petites filles, restée couchée dans la paillasse avec sa sœur malade, s’écria tout à coup :

— Maman, maman, je ne sais pas ce qu’elle a… Adèle… Elle est toute froide ! Elle me regarde toujours… et elle ne respire plus…

La pauvre enfant phtisique venait d’expirer doucement, sans une plainte, son regard toujours attaché sur celui de sa sœur, qu’elle aimait tendrement…

Il est impossible de rendre le cri que jeta la femme du lapidaire à cette affreuse révélation, car elle comprit tout.

Ce fut un de ces cris pantelants, convulsifs, arrachés du plus profond des entrailles d’une mère.

— Ma sœur a l’air d’être morte !… mon Dieu ! mon Dieu ! j’en ai peur ! — s’écria l’enfant en se précipitant hors de la paillasse et courant épouvantée se jeter dans les bras de sa mère.