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s’approprier impunément plusieurs sommes très-considérables.

Sa vie souterraine, mystérieuse, lui donnait les émotions incessantes, terribles, que le jeu donne au joueur.

Contre la fortune de tous, Jacques Ferrand mettait pour enjeu son hypocrisie, sa ruse, son audace, sa tête… et il jouait sur le velours, comme on dit ; car, hormis l’atteinte de la justice humaine, qu’il caractérisait vulgairement et énergiquement d’une cheminée qui pouvait lui tomber sur la tête, perdre, pour lui c’était ne pas gagner ; et encore était-il si criminellement doué, que, dans son ironie amère, il voyait un gain continu dans l’estime sans bornes, dans la confiance illimitée qu’il inspirait non-seulement à la foule de ses riches clients, mais encore à la petite bourgeoisie et aux ouvriers de son quartier.

Un grand nombre d’entre eux plaçaient de l’argent chez lui, disant : « Il n’est pas charitable, c’est vrai ; il est dévot, c’est un malheur ; mais il est plus sûr que le gouvernement et que les caisses d’épargnes. »

Malgré sa rare habileté, cet homme avait