demain ! — s’écria-t-il, — demain tu sortiras d’ici pour aller chez les Martial ou pour aller apprendre à ton père que je t’ai chassée, et qu’il ira le jour même en prison…
Je restai seule, étendue par terre ; je n’avais pas la force de me relever. Madame Séraphin était accourue en entendant son maître élever la voix ; avec son aide, et faiblissant à chaque pas, je pus regagner ma chambre. En rentrant je me jetai sur mon lit ; j’y restai jusqu’à la nuit ; tant de secousses m’avaient porté un coup terrible ! Aux douleurs atroces qui me surprirent vers une heure du matin, je sentis que j’allais mettre au monde ce malheureux enfant bien avant terme.
— Pourquoi n’avez-vous pas appelé à votre secours ?
— Oh ! je n’ai pas osé. M. Ferrand voulait se défaire de moi ; il aurait, bien sûr, envoyé chercher le docteur Vincent, qui m’aurait tuée chez mon maître au lieu de me tuer chez les Martial… ou bien M. Ferrand m’aurait étouffée pour dire ensuite que j’étais morte en couches. Hélas ! monsieur, ces terreurs étaient peut-être folles… mais dans ce moment elles