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maintenant, vous me pardonnerez ces mensonges. Je ne les faisais que pour vous tranquilliser ; vous le voyez bien, n’est-ce pas ?

Morel ne répondit rien ; le front appuyé à ses deux bras croisés sur son établi, il sanglotait.

Rodolphe fit signe à Louise de ne pas adresser de nouveau la parole à son père. Elle continua :

— Je passai ces cinq mois dans des larmes, dans des angoisses continuelles. À force de précautions, j’étais parvenue à cacher mon état à tous les yeux, mais je ne pouvais espérer de le dissimuler ainsi pendant les deux derniers mois qui me séparaient du terme fatal… L’avenir était pour moi de plus en plus effrayant, M. Ferrand m’avait déclaré qu’il ne voulait plus me garder chez lui… J’allais être ainsi privée du peu de ressources qui aidaient notre famille à vivre. Maudite, chassée par mon père, car, d’après les mensonges que je lui avais faits jusqu’alors pour le rassurer, il me croirait complice et non victime de M. Ferrand… que devenir ? où me réfugier, où me placer… dans la position où j’étais ? J’eus alors