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puisque tu persistes dans tes calomnies — s’écria-t-il d’une voix terrible. — Et pour te punir, demain je ferai emprisonner ton père. — Eh bien ! non, non — lui dis-je épouvantée — je ne vous accuserai plus, monsieur… je vous le promets, mais ne me chassez pas… Ayez pitié de mon père ; le peu que je gagne ici soutient ma famille… Gardez-moi chez vous… je ne dirai rien… Je tâcherai qu’on ne s’aperçoive de rien ; et quand je ne pourrai plus cacher ma triste position, eh bien ! alors seulement vous me renverrez.

Après de nouvelles supplications de ma part, M. Ferrand consentit à me garder chez lui ; je regardai cela comme un grand service, tant mon sort était affreux. Pourtant pendant les cinq mois qui suivirent cette scène cruelle, je fus bien malheureuse, bien maltraitée ; quelquefois, seulement, M. Germain, que je voyais rarement, m’interrogeait avec bonté au sujet de mes chagrins ; mais la honte m’empêchait de lui rien avouer.

— N’est-ce pas à peu près à cette époque qu’il vint habiter ici ?

— Oui, monsieur, il cherchait une cham-