Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lapidaire, ordinairement douce et résignée, prit une expression de sombre énergie ; son pâle visage se colora légèrement : il se leva brusquement du grabat où il était assis, et marcha dans la mansarde avec agitation. Malgré son apparence grêle, difforme, l’attitude et les traits de cet homme respiraient alors une généreuse indignation.

— Je ne suis pas méchant — s’écria-t-il — de ma vie je n’ai fait de mal à personne, mais, vois-tu… ce notaire[1] ! oh ! je lui souhaite autant de mal qu’il m’en a fait. — Puis, mettant ses deux mains sur son front, il murmura d’une voix douloureuse : — Mon Dieu ! pourquoi donc faut-il qu’un mauvais sort, que je n’ai pas mérité, me livre, moi et les miens, pieds et poings liés, à cet hypocrite ? Aura-t-il donc le droit d’user de sa richesse pour perdre, corrompre et désoler ceux qu’il veut perdre, corrompre et désoler ?

— C’est ça, c’est ça, dit Madeleine, dé-

  1. Le lecteur se souvient peut-être que Fleur-de-Marie avait été confiée toute jeune à ce notaire, et que sa femme de charge abandonna l’enfant à la Chouette, qui devait s’en charger moyennant 1 000 francs une fois payés.