rêvé toute la nuit, qu’il m’a abîmée de coups de pied. Ce monstre-là est son cauchemar ! Non-seulement il a empoisonné ses jours, mais il empoisonne ses nuits ; il le poursuit jusque dans son sommeil ; oui, monsieur, comme si Alfred serait un malfaiteur, et que ce Cabrion, que Dieu confonde ! serait son remords acharné.
Rodolphe sourit discrètement, prévoyant quelque nouveau tour de l’ancien voisin de Rigolette.
— Alfred… réponds-moi, ne fais pas le muet, tu me fais peur — dit madame Pipelet ; — voyons, remets-toi… aussi, pourquoi vas-tu penser à ce gredin-là !… tu sais bien que quand tu y songes, ça te fait le même effet que les choux… ça te porte au pilore et ça t’étouffe.
— Cabrion ! — répéta M. Pipelet en relevant avec effort son chapeau démesurément enfoncé sur ses yeux, qu’il roula autour de lui d’un air égaré.
Rigolette entra portant une petite bouteille d’absinthe.
— Merci, mam’zelle, êtes-vous complai-