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bien long-temps. Pour tout mobilier, deux lits, deux chaises, une commode, une vieille malle et le petit secrétaire ; sur la malle un paquet dans un foulard… Ce petit paquet, c’était tout ce qui restait à la mère et à la fille, une fois leur mobilier vendu. Le propriétaire s’arrangeait des deux bois de lits, des chaises, de la malle, de la table, pour ce qu’on lui devait, nous dit le portier, qui était monté avec nous. Alors cette dame me pria bien honnêtement d’estimer les matelas, les draps, les rideaux, les couvertures. Foi d’honnête femme, monsieur, quoique mon état soit d’acheter bon marché et de vendre cher, quand j’ai vu cette pauvre demoiselle les yeux tout pleins de larmes, et sa mère qui, malgré son sang-froid, avait l’air de pleurer en dedans, j’ai estimé à quinze francs près ce que ça valait, et ça bien au juste, je vous le jure. J’ai même consenti, pour les obliger, à prendre ce petit secrétaire, quoique ce ne soit pas ma partie…

— Je vous l’achète, madame Bouvard…

— Ma foi ! tant mieux, monsieur, il me serait resté long-temps sur les bras… Je ne m’en étais chargée que pour lui rendre