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— Ça serait encore pis… s’il était par trop gentil. Est-ce que je pourrais vivre un moment sans lui ?… et comme il faudrait probablement qu’il soit toute la journée à son bureau, à son atelier ou à sa boutique, je serais comme une pauvre âme en peine pendant son absence ; je me forgerais mille chimères… je me figurerais que d’autres l’aiment… qu’il est auprès d’elles… Et s’il m’abandonnait ?… jugez donc !… est-ce que je sais enfin… tout ce qui pourrait m’arriver ! Tant il y a que certainement mon travail s’en ressentirait… et alors, qu’est-ce que je deviendrais ? C’est tout juste si, tranquille comme je suis, je puis me tenir au courant en travaillant douze à quinze heures par jour… Voyez donc si je perdais trois ou quatre journées par semaine à me tourmenter… comment rattraper ce temps-là ?… impossible !… Il faudrait donc me mettre aux ordres de quelqu’un ?… oh ! ça, non !… j’aime trop ma liberté…

— Votre liberté ?

— Oui, je pourrais entrer comme première ouvrière chez la maîtresse couturière pour qui je travaille… j’aurais quatre cents francs, logée, nourrie.