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que Rodolphe comprit, à son grand regret, qu’il n’obtiendrait peut-être pas d’elle ce qu’il désirait savoir. Il lui répugnait d’employer la ruse pour surprendre la confiance de Rigolette ; il attendit et reprit gaiement :

— N’en parlons plus, ma voisine. Diable ! vous gardez si bien les secrets des autres, que je ne m’étonne plus que vous gardiez les vôtres.

— Des secrets, moi ! Je voudrais bien en avoir, ça doit être très-amusant.

— Comment ! vous n’avez pas un petit secret de cœur ?

— Un secret de cœur ?

— Enfin… vous n’avez jamais aimé ? — dit Rodolphe en regardant bien fixement Rigolette pour tâcher de deviner la vérité.

— Comment ! jamais aimé ?… et M. Giraudeau ? et M. Cabrion ? et M. Germain ? et vous donc ?…

— Vous ne les avez pas aimés plus que moi ?… autrement que moi ?

— Ma foi ! non ; moins peut-être, car il a fallu m’habituer aux yeux louches de M. Giraudeau, à la barbe rousse et aux farces de M. Cabrion, et à la tristesse de M. Germain,