Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.

De Fleur-de-Marie, que torturait un remords incessant.

L’exagération de sa douleur n’était-elle pas concevable ? Entourée depuis son enfance d’êtres dégradés, méchants, infâmes ; quittant sa prison pour l’antre de l’ogresse, autre prison horrible ; n’étant jamais sortie des cours de sa geôle ou des rues caverneuses de la Cité, cette malheureuse jeune fille n’avait-elle pas vécu jusqu’alors dans l’ignorance profonde du beau et du bien, aussi étrangère aux sentiments nobles et religieux qu’aux splendeurs magnifiques de la nature ?

Et voilà que tout à coup elle abandonne son cloaque infect pour une retraite charmante et rustique, sa vie immonde pour partager une existence heureuse et paisible avec les êtres les plus vertueux, les plus tendres, les plus compatissants à ses infortunes…

Enfin tout ce qu’il y a d’admirable dans la créature et dans la création se révèle à la fois et en un moment à son âme étonnée… À ce spectacle imposant, son esprit s’agrandit, son intelligence se développe, ses nobles instincts s’éveillent… Et c’est parce que son esprit s’est