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bonne charité !… Suis-moi, pauvre papa… suis-moi… prends bien garde. — Et l’enfant guida les pas du brigand.

Tous deux arrivèrent près de la cheminée.

D’abord Lysandre gronda sourdement ; mais ayant flairé un instant le Maître d’école, il poussa tout à coup cette sorte d’aboiement lugubre qui fait dire communément que les chiens hurlent à la mort.

— Enfer ! — se dit le Maître d’école. — Est-ce donc le sang qu’ils flairent, ces maudits animaux ? J’avais ce pantalon-là pendant la nuit de l’assassinat du marchand de bœufs…

— Tiens, c’est étonnant — dit tout bas Jean-René — le vieux Lysandre qui hurle à la mort en sentant le bonhomme…

Alors il arriva une chose étrange.

Les cris de Lysandre étaient si perçants, si plaintifs, que les autres chiens l’entendirent (la cour de la ferme n’étant séparée de la cuisine que par une fenêtre vitrée), et, selon l’habitude de la race canine, ils répétèrent à l’envi ces gémissements lamentables.

Quoique peu superstitieux, les métayers s’entre-regardèrent presque avec effroi.