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l’habitation dix capresses ou métisses aussi jolies que Cecily. David parla de son amour, que Cecily partageait depuis long-temps ; le planteur haussa les épaules. David insista ; ce fut en vain. Le créole eut l’imprudence de lui dire qu’il était d’un mauvais exemple de voir un maître céder à une esclave, et que, cet exemple, il ne le donnerait pas pour satisfaire à un caprice de David… Celui-ci supplia, le maître s’impatienta ; David, rougissant de s’humilier davantage, parla d’un ton ferme des services qu’il rendait et de son désintéressement ; car il se contentait du plus mince salaire. M. Willis, irrité, lui répondit avec mépris qu’il était mille fois trop bien traité pour un esclave. À ces mots, l’indignation de David éclata… Pour la première fois il parla en homme éclairé sur ses droits par un séjour de huit années en France. M. Willis, furieux, le traita d’esclave révolté, le menaça de la chaîne. David proféra quelques paroles amères et violentes… Deux heures après, attaché à un poteau, on le déchirait de coups de fouet, pendant qu’à sa vue on entraînait Cecily dans le sérail du planteur.