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le regardaient comme leur providence ; il avait très-difficilement, il est vrai, obtenu du maître quelque amélioration à leur sort, il espérait mieux pour l’avenir ; en attendant, il moralisait, il consolait ces pauvres gens, il les exhortait à la résignation ; il leur parlait de Dieu, qui veille sur le nègre comme sur le blanc ; d’un autre monde, non plus peuplé de maîtres et d’esclaves, mais de justes et de méchants ; d’une autre vie… éternelle celle-là, où les uns n’étaient plus le bétail, la chose des autres, mais où les victimes d’ici-bas étaient si heureuses qu’elles priaient dans le ciel pour leurs bourreaux… Que vous dirai-je ? À ces malheureux qui, au contraire des autres hommes, comptent avec une joie amère le pas que chaque jour ils font vers la tombe… à ces malheureux qui n’espéraient que le néant, David fit espérer une liberté immortelle ; leurs chaînes leur parurent alors moins lourdes, leurs travaux moins pénibles. David était leur idole… Une année environ se passa de la sorte. Parmi les plus jolies esclaves de cette habitation, on remarquait une métisse de quinze ans, nommée Cecily. M. Willis eut une fan-