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tions accablantes sur le prince. Mais le besoin d’aimer était éveillé chez la marquise ; rencontrant chez moi ce Charles Robert, elle a été frappée de sa beauté, frappée comme on l’est à la vue d’un tableau ; cet homme est malheureusement aussi niais que beau, mais il a quelque chose de touchant dans le regard. J’exaltai la noblesse de son âme, l’élévation de son caractère. Je savais la bonté naturelle de madame d’Harville ; je colorai M. Robert des malheurs les plus intéressants ; je lui recommandai d’être toujours mortellement triste, de ne procéder que par soupirs et par hélas ! et avant toute chose de parler peu. Il a suivi mes conseils. Grâce à son talent de chanteur, à sa figure et surtout à son apparence de tristesse incurable, il s’est fait à peu près aimer de madame d’Harville, qui a ainsi donné le change à ce besoin d’aimer que la vue de Rodolphe avait seule éveillé en elle… Comprenez-vous, maintenant ?

— Parfaitement ; continuez.

— Robert et madame d’Harville ne se voyaient intimement que chez moi ; deux fois