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Des lanternes chinoises d’une soie transparente, les unes d’un bleu, les autres d’un rose très-pâle, çà et là à demi cachées par le feuillage, éclairent ce jardin.

Il est impossible de rendre la lueur mystérieuse et douce qui résultait du mélange de ces deux nuances ; lueur charmante, fantastique, qui tenait de la limpidité bleuâtre d’une belle nuit d’été légèrement rosée par les reflets vermeils d’une aurore boréale.

On arrivait à cette immense serre chaude, surbaissée de deux ou trois pieds, par une longue galerie éblouissante d’or, de glaces, de cristaux, de lumières. Cette flamboyante clarté encadrait, pour ainsi dire, la pénombre où se dessinaient vaguement les grands arbres du jardin d’hiver, que l’on apercevait à travers une large baie à demi fermée par deux hautes portières de velours cramoisi.

On eût dit une gigantesque fenêtre ouverte sur quelque beau paysage d’Asie pendant la sérénité d’une nuit crépusculaire.

Vue du fond du jardin, où étaient disposés d’immenses divans sous un dôme de feuillage