Page:Sue - Les mystères de Paris, 2è série, 1842.djvu/204

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rait d’abord, s’emporterait ; mais il aimait si tendrement, si aveuglément son fils ; il avait pour elle, Sarah, tant d’affection, que le courroux paternel s’apaiserait peu à peu, et elle prendrait enfin à la cour de Gerolstein le rang qui lui appartenait, si cela se peut dire, doublement, puisqu’elle allait donner un enfant à l’héritier présomptif du grand-duc.

Cette prétention épouvanta Rodolphe ; il connaissait le profond attachement de son père pour lui, mais il connaissait aussi l’inflexibilité des principes du grand-duc à l’endroit des devoirs de prince.

À toutes ses objections Sarah répondait impitoyablement :

— Je suis votre femme devant Dieu et devant les hommes. Dans quelque temps je ne pourrai plus cacher ma grossesse ; je ne veux plus rougir d’une position dont je suis au contraire si fière, et dont je puis me glorifier tout haut.

La paternité avait redoublé la tendresse de Rodolphe pour Sarah. Placé entre le désir d’accéder à ses vœux et la crainte du cour-