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cité… quelques jours de plus, le jeune prince se trahissait.

Qu’on y songe… c’était un premier amour, un amour aussi ardent que naïf, aussi confiant que passionné ; pour l’exciter, Sarah avait déployé les ressources infernales de la coquetterie la plus raffinée. Non, jamais les émotions vierges d’un jeune homme plein de cœur, d’imagination et de flamme, ne furent plus longuement, plus savamment excitées ; jamais femme ne fut plus dangereusement attrayante que Sarah… Tour à tour folâtre et triste, chaste et passionnée, pudique et provocante : ses grands yeux noirs, langoureux et brûlants, allumèrent dans l’âme effervescente de Rodolphe un feu inextinguible.

Lorsque l’abbé lui proposa de ne plus jamais voir cette fille enivrante, ou de la posséder par un mariage secret, Rodolphe sauta au cou du prêtre, l’appela son sauveur, son ami, son père. Le temple et le ministre eussent été là que le jeune prince eût épousé à l’instant.

L’abbé voulut, pour cause, se charger de tout.