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trop sûre d’elle-même, pour se compromettre et se trahir aux yeux de la cour. Le jeune prince sentait aussi le besoin de la dissimulation ; il imita la prudence de Sarah. L’amoureux secret fut parfaitement gardé pendant quelque temps.

Lorsque le frère et la sœur virent la passion effrénée de Rodolphe arrivée à son paroxysme, et son exaltation croissante, plus difficile à contenir de jour en jour, sur le point d’éclater et de tout perdre, ils portèrent le grand coup.

Le caractère de l’abbé autorisant cette confidence, d’ailleurs toute de moralité, Tom lui fit les premières ouvertures sur la nécessité d’un mariage entre Rodolphe et Sarah ; sinon, ajoutait-il très-sincèrement, lui et sa sœur quitteraient immédiatement Gerolstein… Sarah partageait l’amour du prince ; mais elle préférait la mort au déshonneur, et ne pouvait être que la femme de S. A.

Ces prétentions stupéfièrent le prêtre ; il n’avait jamais cru Sarah si audacieusement ambitieuse. Un tel mariage, entouré de difficultés sans nombre, de dangers de toute