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avaient largement sacrifié à l’épicurisme le plus raffiné !!! depuis Alcibiade jusqu’à Maurice de Saxe, depuis Antoine jusqu’au grand Condé, depuis César jusqu’à Vendôme !

De tels entretiens devaient exercer d’effroyables ravages dans une âme jeune, ardente et vierge ; de plus, l’abbé traduisait éloquemment à son élève des odes d’Horace où ce rare génie exaltait avec le charme le plus entraînant les molles délices d’une vie tout entière vouée à l’amour et à des sensualités exquises. Pourtant çà et là, pour masquer le danger de ces théories et satisfaire à ce qu’il y avait de foncièrement généreux dans le caractère de Rodolphe, l’abbé le berçait des utopies les plus charmantes.

À l’entendre, un prince intelligemment voluptueux pouvait améliorer les hommes par le plaisir, les moraliser par le bonheur, et amener les plus incrédules au sentiment religieux, en exaltant leur gratitude envers le Créateur, qui, dans l’ordre matériel, comblait l’homme de jouissances avec une inépuisable prodigalité.